Tests de sensibilité aux antibiotiques – lutter contre la RAM grâce au diagnostic
En cas d'infection bactérienne, un test de sensibilité aux antibiotiques (AST) est effectué pour identifier le traitement efficace pour chaque infection spécifique [1]. Lorsque l'espèce bactérienne responsable de l'infection est connue, elle peut être traitée en conséquence. Pour ce faire, il est essentiel de savoir quel antibiotique et quel dosage seront efficaces. Ainsi, les informations de l'AST aident les cliniciens à choisir un traitement, basé sur le diagnostic, adapté aux patients. Cette décision thérapeutique basée sur le diagnostic est connue sous le nom de traitement ciblé.
L’identification précise d'une infection bactérienne, combinée à des tests de sensibilité, peut avoir un impact significatif sur la hausse de la résistance antimicrobienne (RAM). Les diagnostics inappropriés et leurs incertitudes sont l'un des principaux moteurs de la surutilisation et du mauvais usage des antibiotiques. Lorsque des tests adéquats sont prescrits et que des résultats rapides sont disponibles, ils permettent de concevoir des traitements antimicrobiens sur mesure pour optimiser la santé des patients. Cela est non seulement bénéfique pour le patient, qui reçoit une thérapie ciblée pour un rétablissement plus rapide, mais permet également de réduire les coûts inutiles pour le système de santé [2].
Pourquoi effectuer un test de sensibilité aux antibiotiques ?
Le traitement des infections doit être ciblé, mais ce n'est souvent pas le cas dans la pratique. Par exemple, jusqu'à 80 % des infections urinaires présumées s'avèrent négatives et ne nécessitent pas d'antibiotiques [3]. L’un des facteurs clés de la résistance aux antibiotiques est la surutilisation et le mauvais usage des antibiotiques, notamment dans les pays où ils sont en vente libre.
Connaître le profil de résistance des bactéries responsables de l'infection permet de déterminer l'antibiotique approprié pour la traiter, et un test de sensibilité aux antibiotiques est la seule méthode pour savoir quel antibiotique sera efficace. L'utilisation d'une thérapie ciblée permet d'éliminer les infections plus rapidement et facilement, laissant moins de place à l'augmentation de la résistance antimicrobienne [4].
Exemple : infections urinaires et tests de sensibilité aux antibiotiques
Pour dépister une infection urinaire (UI), la méthode la plus couramment utilisée est la bandelette urinaire. Cette méthode détecte la présence de nitrite, un produit dérivé de certaines espèces bactériennes (par exemple, Escherichia, Proteus, Klebsiella). Cependant, certains pathogènes ne produisent pas de nitrite (par exemple, Enterococcus, Staphylococcus), ce qui signifie que le nitrite n'est pas toujours un paramètre fiable pour dépister une UI suspectée. De plus, un nombre élevé de globules blancs n'indique pas toujours une infection bactérienne. Ainsi, en présence de symptômes typiques, un résultat négatif de la bandelette est insuffisant pour exclure une infection [5].
Un diagnostic complet de l'UI et le choix du bon traitement antibiotique nécessitent des tests de laboratoire longs et laborieux (culture d'urine et tests de sensibilité antimicrobienne). Pour diverses raisons, ces tests ne sont pas utilisés dans tous les cas où une UI est suspectée.
La capacité d'exclure rapidement les UI pourrait aider à réduire le nombre d'antibiotiques prescrits inutilement. Par conséquent, une méthode rapide et fiable pour exclure les UI peut favoriser des améliorations dans les processus de laboratoire et dans la gestion des antimicrobiens.
Techniques traditionnelles vs. nouvelles techniques de AST
Les tests de sensibilité aux antibiotiques ne sont pas un concept nouveau, et plusieurs méthodes ont été utilisées au fil des ans. La méthode de diffusion sur disque (aussi appelée méthode de Kirby-Bauer) est largement utilisée pour confirmer la sensibilité des bactéries. Dans cette méthode, un inoculum bactérien est appliqué sur une plaque d'agar et des disques de papier, imprégnés de différents antibiotiques, sont placés en surface. Les plaques sont incubées pendant 16-24 heures, et les résultats sont déterminés par le diamètre de l'inhibition de croissance autour de chaque disque antibiotique [6]. Cette technique est simple et abordable, mais elle est laborieuse, et les résultats peuvent prendre plusieurs jours pour parvenir au patient.
Les méthodes actuelles sont standardisées et parfois automatisées, et reposent sur des tests phénotypiques des bactéries, où les résultats ne sont souvent disponibles qu'après deux jours de test et/ou après le début du traitement [7]. Réduire ce délai tout en conservant l'aspect phénotypique du test pourrait avoir un impact positif dans le domaine des soins de santé en général, notamment face à l'augmentation des taux de résistance antimicrobienne [2].
Différentes méthodes de AST sont utilisées en fonction de la souche bactérienne suspectée et des ressources disponibles, mais de nouvelles technologies sont également en développement pour améliorer et accélérer le processus de AST. Les diagnostics basés sur l’utilisation des nanofluides font partie des outils émergents les plus prometteurs pour AST [8]. Certaines applications utilisant les nanofluides permettent de capturer des cellules bactériennes à partir d'un fluide biologique, tel que l'urine, et de les incuber tout en exposant les cellules aux antibiotiques. En surveillant la croissance des cellules bactériennes, il est possible d'obtenir un résultat aussi rapide que la réponse de la cellule à l'antibiotique.
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La diagnostic joue un rôle majeur dans la prescription rationnelle d'antibiotiques. Les tests de sensibilité antimicrobienne (AST) bien connus sont des outils fiables pour la détermination phénotypique de la résistance aux antibiotiques [6]. Plusieurs solutions sont disponibles sur le marché pour soutenir l'exécution des AST.
Tests de sensibilité antimicrobienne pour les environnements proches des patients
Le système PA-100 AST utilise les nanofluides pour effectuer des tests de AST rapides. Il offre une solution facile à utiliser pour détecter les bactéries résistantes. Nous pensons qu’il est adapté aux cabinets de médecins généralistes, aux services d’urgence et à d’autres environnements proches des patients.
Tendances dans la RAM
Aborder la façon dont nous prescrivons et traitons avec des antibiotiques n'est certainement pas le seul moyen de lutter contre la résistance antimicrobienne, mais c'en est une partie importante [2]. La disponibilité et la commercialisation des antibiotiques diffèrent considérablement d'un pays à l'autre, ce qui est un facteur important à prendre en compte lors de l'établissement de directives nationales [10]. Une étude de 2019 sur les directives de traitement des UTI en Europe a révélé que les fluoroquinolones, une classe d'antibiotiques souvent utilisée comme traitement à large spectre dans les infections bactériennes, présentent une grande variation de résistance chez E. coli, variant de 11 % à 32,8 %.
À quoi pourrait ressembler l’avenir de la gestion des antimicrobiens
En ce qui concerne les résistances croissantes à l'échelle mondiale, nous ne parlons pas uniquement de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. Nous considérons également les virus, les champignons et les parasites qui deviennent résistants aux antiviraux, aux antifongiques et aux antiparasitaires, respectivement. Un diagnostic précoce et précis des infections est un aspect crucial des efforts visant à contrôler le taux de RAM. Sysmex propose actuellement des solutions qui peuvent aider les laboratoires et les cliniques à détecter les bactéries, permettant ainsi aux cliniciens d'identifier les infections et d'évaluer le succès des traitements (par exemple, UF-5000).
Nous travaillons constamment à améliorer la situation et investissons temps et ressources dans de nouvelles méthodes et technologies prometteuses. Les nouvelles méthodes et technologies de diagnostic sont l'un des piliers essentiels des programmes de gestion responsable, renforçant le besoin de gestionnaires bien informés dans nos gouvernements, ainsi que dans nos hôpitaux et cabinets médicaux, et dans notre quotidien [11]. Si des campagnes de sensibilisation à grande échelle étaient lancées pour éduquer le public sur les tests de sensibilité aux antibiotiques et la résistance antimicrobienne, ce serait un excellent point de départ. Les tests réalisés en « point of care » pourraient amener le diagnostic dans les cliniques de consultation externe et ainsi faciliter une prescription basée sur des résultats d’analyse dans les lieux où les antibiotiques sont largement prescrits [12].
La résistance antimicrobienne existe depuis un certain temps et ne semble pas en voie de disparaître prochainement. Par conséquent, nous devons développer de nouvelles solutions à plusieurs niveaux : de l'innovation pharmaceutique à des diagnostics rapides et fiables pour divers environnements de santé, en passant par la sensibilisation du public.
Tout commence par le diagnostic
Com0me indiqué ci-dessus, les diagnostics basés sur l’utilisation des microfluides font partie des outils émergents les plus prometteurs pour AST. L'engagement de Sysmex dans la lutte contre la RAM est illustré par le système PA-100 AST, capable de fournir des résultats en 45 minutes, faisant de lui un test « point of care » pratique et efficace.
References
[1] Bayot ML, Bragg BN. (2020): Antimicrobial Susceptibility Testing. StatPearls Publishing; 2021 Jan-.
[2] World Health Organization (2016): Diagnostic stewardship: a guide to implementation in antimicrobial resistance surveillance sites (No. WHO/DGO/AMR/2016.3)
[3] Keller P. (2019): Ein neuer Schritt zur schnelleren Urinanalytik. Sysmex xtra 02/2019:50-52.
[4] Burnham CA et al. (2017): Diagnosing antimicrobial resistance. Nat Rev Microbiol 15, 697–703 (2017).
[5] Schmiemann G et al. (2010): The diagnosis of urinary tract infection: a systematic review. Deutsches Arzteblatt international, 107(21), 361–367.
[6] Reller BL et al. (2009): Antimicrobial Susceptibility Testing: A Review of General Principles and Contemporary Practices, Clinical Infectious Diseases, Volume 49, Issue 11, 1 December 2009, Pages 1749–1755
[7] Wheat PF. (2001): History and development of antimicrobial susceptibility testing methodology. Journal of Antimicrobial Chemotherapy, 48(suppl_1), 1-4.
[8] Khan ZA, Siddiqui MF, Park S. (2019): Current and Emerging Methods of Antibiotic Susceptibility Testing. Diagnostics. 9(2):49.
[9] Baltekin Ö et al. (2017): Antibiotic susceptibility testing in less than 30 min using direct single-cell imaging. Proceedings of the National Academy of Sciences, 114(34), 9170-9175.
[10] Malmros K et al. (2019): Comparison of antibiotic treatment guidelines for urinary tract infections in 15 European countries: results of an online survey. International journal of antimicrobial agents. 2019 Oct 1;54(4):478-86.
[11] CDC. (2019): Core Elements of Hospital Antibiotic Stewardship Programs. US Department of Health and Human Services, CDC
[12] Vasala A et al. (2020): Modern tools for rapid diagnostics of antimicrobial resistance. Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, 10, 308.